Publié le 15 mars 2024

Pour une PME québécoise, l’économie circulaire n’est pas une contrainte écologique, mais un puissant levier de rentabilité qui transforme les coûts (déchets, matières) en actifs stratégiques et en nouvelles sources de revenus.

  • Les modèles de location (Produit-comme-Service) remplacent les ventes uniques par des revenus récurrents et une relation client renforcée.
  • La symbiose industrielle permet de vendre vos résidus comme matières premières à d’autres entreprises, créant des « boucles de valeur » locales.

Recommandation : Commencez par un audit de vos flux sortants pour identifier votre premier « actif dormant » (un déchet récurrent, un sous-produit) et évaluez son potentiel de revente ou de surcyclage.

Pour de nombreux gestionnaires de PME au Québec, la pression monte. D’un côté, le coût des matières premières grimpe ; de l’autre, la gestion des déchets devient un fardeau logistique et financier. La réponse la plus courante ? Mieux recycler. Si cette démarche est essentielle, elle ne représente que la pointe de l’iceberg et masque une opportunité d’affaires bien plus vaste. Le recyclage traite le symptôme (le déchet), mais ne remet pas en cause le modèle qui le produit.

Le véritable enjeu, et la promesse de l’économie circulaire, est de repenser le système en amont. Avec un taux de circularité qui peine à dépasser les 3,5% selon l’indice de circularité de RECYC-QUÉBEC, le Québec dispose d’un potentiel de marché immense. Il ne s’agit plus de « gérer les fins de vie », mais de concevoir des produits et services qui n’en ont pas. L’idée n’est pas seulement de faire « moins de mal », mais de créer « plus de bien » : plus de valeur, plus de résilience et plus de profitabilité.

Mais si la véritable clé n’était pas de voir l’économie circulaire comme une obligation morale, mais comme une stratégie d’innovation et de compétitivité ? C’est ce que nous allons explorer. Cet article est un guide pragmatique pour vous, entrepreneur québécois, qui souhaitez transformer cette vision en actions concrètes. Nous verrons comment des entreprises d’ici créent déjà de la valeur, comment vous pouvez intégrer ces principes dans vos propres opérations et quelles sont les stratégies ultimes pour faire de vos « déchets » vos meilleurs atouts.

Cet article vous guidera à travers les stratégies, les exemples et les outils concrets pour initier ou accélérer votre transition circulaire. Le sommaire ci-dessous vous donne un aperçu des étapes clés de ce parcours vers une nouvelle forme de rentabilité.

L’économie circulaire pour les nuls : 3 exemples concrets au Québec

L’économie circulaire peut sembler un concept abstrait. Pourtant, au Québec, des entreprises la transforment déjà en modèle d’affaires performant. L’erreur serait de croire qu’il s’agit uniquement d’initiatives à but non lucratif. Au contraire, ces pionniers démontrent qu’il est possible d’allier impact social, performance environnementale et rentabilité circulaire. Ils ne se contentent pas de recycler ; ils créent des boucles de valeur en réinjectant des produits et matières dans l’économie.

L’un des exemples les plus parlants est celui d’Insertech Angus. Cette entreprise d’économie sociale ne se limite pas à collecter du matériel électronique. Elle a bâti un écosystème complet autour du réemploi. En se concentrant sur le reconditionnement d’équipements informatiques pour un marché B2B et B2C, elle a transformé un « déchet » en produit à forte valeur ajoutée. Les résultats sont là : Insertech a vu la quantité d’appareils récupérés augmenter de 54% en une seule année. Ce succès combine la création d’emplois en insertion et un modèle économique viable, prouvant que la mission sociale peut être un moteur de croissance.

Un autre exemple marquant est celui de LOOP Mission, qui s’attaque au gaspillage alimentaire en transformant les fruits et légumes invendus en jus pressés à froid et autres produits. Enfin, des entreprises comme GoRecycle structurent des filières entières de récupération et de valorisation, comme nous le verrons plus loin. Ces trois cas illustrent un principe fondamental : identifier un « actif dormant » (du matériel informatique, des aliments, des appareils en fin de vie) et construire une nouvelle chaîne de valeur autour.

Le point commun de ces initiatives est leur capacité à voir au-delà du produit initial pour se concentrer sur la préservation de la valeur de la matière, le plus longtemps possible.

Le guide pour acheter local et de seconde main à Québec et Montréal

Pour une PME, la transition vers une économie circulaire commence souvent par une question simple : comment repenser ses achats ? L’approvisionnement est un levier puissant et immédiat pour réduire les coûts et l’empreinte carbone. Acheter local et de seconde main n’est plus une simple tendance, mais une véritable stratégie d’optimisation de la chaîne de valeur, particulièrement dynamique dans les grands centres comme Québec et Montréal.

Adopter un approvisionnement circulaire, c’est intégrer des équipements reconditionnés, louer du matériel pour des besoins ponctuels ou encore participer à des réseaux de partage inter-entreprises. Cette approche permet non seulement de réaliser des économies substantielles, mais aussi de renforcer l’écosystème partenaire local. En privilégiant des fournisseurs québécois spécialisés dans le réemploi, vous contribuez à créer et maintenir des emplois qualifiés ici, tout en sécurisant votre chaîne d’approvisionnement contre les aléas des marchés mondiaux.

Carte stylisée du Québec montrant les connexions entre fournisseurs locaux d'équipements reconditionnés et les PME
Rédigé par Geneviève Lavoie, Geneviève Lavoie est une agronome de formation et une experte en agriculture durable, comptant plus de 10 ans d'expérience dans le conseil aux fermes biologiques et la sensibilisation à la consommation responsable. Elle est une figure de proue du mouvement zéro déchet au Québec.