Publié le 17 mai 2024

Contrairement à l’idée reçue, la transition vers une mobilité durable ne dépend pas uniquement des infrastructures ou des subventions, mais de notre capacité à designer des services qui éliminent la friction cognitive et rendent le choix vert émotionnellement satisfaisant.

  • L’information sur l’impact carbone, lorsqu’elle est bien visualisée, influence directement les décisions des utilisateurs.
  • La gamification et les « nudges » sont des outils psychologiques puissants pour encourager l’adoption de transports doux sans contrainte.

Recommandation : Auditez vos services de mobilité non pas sur leur efficacité technique, mais sur la fluidité et la charge émotionnelle de l’expérience utilisateur qu’ils proposent.

Pour tout designer de services ou chef de produit dans la tech de la mobilité au Canada, le défi est immense : comment encourager des millions de citoyens à délaisser leur voiture solo ? La réponse conventionnelle se concentre sur le « hardware » : plus de pistes cyclables, plus de trains, plus de subventions. On parle d’investissements massifs, de grands projets d’infrastructure comme le REM à Montréal, et de la promesse technologique du MaaS (Mobility as a Service) qui unifiera tout dans une seule application. Ces éléments sont nécessaires, mais fondamentalement insuffisants.

Le véritable levier du changement n’est pas dans le béton ou dans le code brut. Il est dans la psychologie de l’utilisateur. La question n’est plus « Comment construire une alternative à la voiture ? », mais « Comment designer une expérience de mobilité si fluide, si intuitive et si gratifiante que l’option écologique devienne la voie de la moindre résistance ? ». L’enjeu est de passer d’une logique de contrainte à une logique de désir, en travaillant sur l’invisible : la réduction de la friction cognitive et l’augmentation de la satisfaction émotionnelle.

Cet article propose une approche méthodologique, ancrée dans le design comportemental. Nous explorerons comment des principes comme le « nudge », la visualisation de données et la gamification peuvent transformer radicalement l’adoption des transports durables. Nous verrons que loin d’être un mythe, l’utilisateur est prêt à faire des choix vertueux, à condition que nous lui en donnions les moyens, de la manière la plus simple et engageante possible.

Pour naviguer à travers cette approche stratégique, cet article est structuré en plusieurs étapes clés, allant des fondements psychologiques du « nudge » à l’intégration concrète dans un écosystème MaaS canadien.

Le ‘nudge’ vert : comment inciter au covoiturage ou au vélo sans jamais donner d’ordres

L’approche traditionnelle pour encourager la mobilité durable repose souvent sur des leviers directs : taxes sur l’essence, péages urbains ou subventions à l’achat. Ces méthodes, bien qu’efficaces jusqu’à un certain point, partent du principe que l’humain est un acteur purement rationnel et économique. Or, nos décisions sont largement influencées par des biais cognitifs et des réflexes. C’est ici qu’intervient le concept de « nudge » ou « coup de pouce », une technique issue du design comportemental qui vise à orienter les choix sans jamais contraindre ni interdire. L’idée n’est pas de forcer la main, mais de rendre le comportement souhaité plus facile, plus visible et plus attractif.

Un exemple de réceptivité à un changement de paradigme est visible dans les habitudes d’achat. Face à la modification des incitatifs gouvernementaux, on a observé une augmentation de 44% des ventes de véhicules électriques au Québec au deuxième trimestre 2024. Si l’incitatif financier a joué un rôle, cela montre une prédisposition au changement. Le nudge va plus loin en modifiant « l’architecture de choix ». Par exemple, une application de planification de trajet pourrait présenter par défaut l’option la plus écologique (vélo + transport en commun) plutôt que la plus rapide (voiture), tout en laissant les autres choix facilement accessibles. Il ne s’agit pas de cacher l’option voiture, mais de ne plus en faire la norme implicite.

D’autres nudges peuvent inclure des messages de validation sociale (« Rejoignez les 70% de vos voisins qui ont utilisé le transport en commun cette semaine ») ou des réglages par défaut qui favorisent le covoiturage lors de la réservation d’un VTC. L’objectif est de réduire la friction cognitive associée au choix durable. En faisant de l’option verte le chemin le plus simple à suivre, on capitalise sur notre tendance naturelle à la facilité, transformant un acte écologique d’un effort conscient en un réflexe quasi automatique.

Repenser le planificateur de trajet : la méthode pour un design ‘éco-centré’

Le planificateur de trajet est la porte d’entrée de toute expérience de mobilité. C’est le premier point de contact où l’utilisateur arbitre entre vitesse, coût, confort et, de plus en plus, impact environnemental. Un design « éco-centré » ne se contente pas d’ajouter une étiquette « CO2 » à côté des options. Il repense fondamentalement la manière dont les choix sont présentés pour intégrer l’écologie comme un critère de qualité à part entière, au même titre que le temps de parcours. L’enjeu est de transformer cet outil d’un simple calculateur d’itinéraire en un véritable coach de mobilité durable.

La première étape consiste à redéfinir la notion de « meilleur » trajet. Au lieu de prioriser systématiquement la vitesse brute, un planificateur éco-centré pourrait mettre en avant le « temps de qualité » : un trajet en train où l’on peut travailler ou lire peut être perçu comme plus qualitatif qu’un trajet plus court mais stressant en voiture. Il s’agit de valoriser les bénéfices indirects des modes de transport durables : exercice physique pour le vélo, temps de lecture dans le bus, réduction du stress… En intégrant ces notions, on change la perception de l’utilisateur, qui ne voit plus un « sacrifice » de temps mais un « gain » en bien-être.

L’interface joue un rôle crucial. Masquer la complexité des différents opérateurs, des tarifs et des correspondances est fondamental pour réduire la charge mentale. Un design réussi présente un trajet multimodal (BIXI + Métro + marche) comme une seule expérience fluide et intégrée, et non comme une succession d’étapes anxiogènes.

Vue macro d'un écran de smartphone montrant une carte avec différents modes de transport représentés par des icônes colorées et des trajets optimisés

Comme le suggère cette vision d’interface, la clarté et la simplicité visuelle sont essentielles pour rendre la multimodalité attractive. Le but est que l’utilisateur n’ait pas à réfléchir aux détails techniques de son déplacement, mais puisse se fier à une recommandation intelligente qui a déjà pris en compte tous les paramètres, y compris son bien-être et l’impact environnemental.

Plan d’action pour un planificateur éco-centré

  1. Intégration des données : Centraliser les données ouvertes des villes canadiennes (qualité de l’air, émissions CO2) et les flux en temps réel des opérateurs (STM, TTC, TransLink, exo) pour une vision complète.
  2. Algorithmes repensés : Développer des algorithmes qui peuvent prioriser le « temps de qualité » ou l’impact carbone le plus faible, en plus de la vitesse et du coût.
  3. Filtres d’accessibilité : Faire de l’accessibilité universelle (présence d’ascenseurs, de rampes) un critère de tri prioritaire et non une simple option cachée.
  4. Expérience unifiée : Créer une interface qui masque la complexité réglementaire et tarifaire entre les différents services pour proposer une expérience utilisateur sans couture.
  5. Validation et tests : Mettre en place des boucles de feedback avec les utilisateurs pour continuellement affiner les recommandations et s’assurer qu’elles répondent à de vrais besoins.

Le mythe de l’utilisateur égoïste : la preuve que l’information carbone influence les choix

Un des freins les plus tenaces au déploiement de stratégies de mobilité durable est un préjugé cynique : l’idée que l’utilisateur moyen serait fondamentalement « égoïste », motivé uniquement par son intérêt personnel à court terme (le temps et l’argent) et indifférent à l’impact collectif de ses choix. Or, les données et les études comportementales commencent à sérieusement écorner ce mythe. Lorsqu’elle est présentée de manière claire, pertinente et actionnable, l’information environnementale a un impact mesurable sur les décisions.

Le Québec en est une excellente illustration. L’engouement pour les véhicules électriques dépasse la simple logique de subvention. En effet, les données récentes de Statistique Canada révèlent que 51,6% des véhicules électriques immatriculés au Canada au deuxième trimestre 2024 l’ont été au Québec. Cet engouement démontre une sensibilité écologique et une volonté d’agir qui ne demandent qu’à être canalisées vers d’autres formes de mobilité, comme le transport en commun, le vélo ou le covoiturage. L’utilisateur n’est pas insensible ; il est souvent simplement mal informé ou confronté à des choix trop complexes.

Le problème n’est donc pas le manque de volonté de l’usager, mais souvent le manque de données accessibles et compréhensibles pour l’orienter. L’information existe, mais elle est fragmentée et technique. Comme le souligne Samuel Pagé-Plouffe, analyste en mobilité, le défi est structurel.

On a de la difficulté à avoir accès à suffisamment de données sur les besoins et sur les moyens à mettre en place pour atteindre les cibles de la Politique de mobilité durable.

– Samuel Pagé-Plouffe, Analyse de la politique de mobilité durable – Radio-Canada

Cette citation met en lumière le véritable enjeu : pour que l’information influence les choix, elle doit être intégrée au cœur des outils que les gens utilisent au quotidien. Un planificateur de trajet qui affiche l’économie de CO2 de manière aussi proéminente que l’économie en dollars transforme une donnée abstraite en un bénéfice personnel et tangible. Loin d’être égoïste, l’utilisateur est un acteur en attente d’une meilleure information pour faire des choix plus éclairés.

CO2, arbres ou hamburgers : comment visualiser l’impact carbone pour qu’il soit enfin compris?

Afficher « 158g de CO2/km » sur une application de mobilité a autant d’impact sur l’utilisateur moyen que de lire les conditions générales d’utilisation : c’est une information précise, mais abstraite et dénuée de sens pratique. Pour que la donnée carbone devienne un véritable levier de décision, elle doit être traduite en une « équivalence tangible », c’est-à-dire un concept concret, familier et, idéalement, culturellement pertinent. Le cerveau humain est bien plus apte à comparer des objets du quotidien qu’à manipuler des unités de mesure scientifiques.

Plutôt que de parler de grammes, pourquoi ne pas parler de Timbits ? Ou du nombre d’arbres qu’il faudrait pour compenser un trajet ? L’objectif est de créer un choc cognitif, une prise de conscience immédiate et mémorable. Dire à un utilisateur que son trajet en voiture solo équivaut à la production de deux poutines a un impact émotionnel et une force de persuasion bien supérieurs à n’importe quel chiffre abstrait. Cette « traduction » rend l’invisible visible et crée un lien direct entre une action individuelle (choisir sa voiture) et une conséquence compréhensible.

Cette approche permet de comparer intuitivement l’impact des différents modes de transport. Le choix n’est plus entre « 158g » et « 14g », mais entre « deux poutines » et « un quart de sirop d’érable ». La décision devient plus simple et plus engageante. Voici comment ces équivalences peuvent être structurées pour un public canadien.

Le tableau suivant, bien que basé sur des données générales, illustre comment des équivalences culturelles peuvent rendre l’impact carbone immédiatement compréhensible, comme le suggère une analyse des modes de transport.

Équivalences d’émissions CO2 par mode de transport au Canada
Mode de transport Émissions CO2/km/passager Équivalent culturel canadien
Voiture solo 158g Production de 2 poutines
Autobus urbain 82g 1 café Tim Hortons
Métro/tramway 14g 1/4 de sirop d’érable
Vélo électrique 11g 1 beignet Timbits
Vélo/marche 0g Neutre en carbone

L’intégration de telles visualisations au cœur des planificateurs de trajet est une stratégie simple mais puissante. Elle transforme une décision complexe en un arbitrage quasi ludique, et arme l’utilisateur d’une compréhension qu’il peut partager et qui peut influencer son comportement à long terme.

Transformer la mobilité durable en jeu : les secrets de la ‘gamification’ pour un engagement durable

Si la visualisation des données parle à notre rationalité, la « gamification » (ou ludification) parle à notre besoin de récompense, de compétition et de validation sociale. Ce n’est pas seulement une question de rendre les choses « amusantes », mais d’appliquer des mécanismes de jeu (points, badges, classements) à des contextes non ludiques pour motiver des comportements spécifiques. Dans le domaine de la mobilité, la gamification est un outil extraordinairement puissant pour transformer l’usage des transports durables d’une corvée en une quête engageante.

Le principe est simple : chaque action positive (un trajet à vélo, l’utilisation du transport en commun, un parcours de covoiturage) est récompensée par des points ou des badges virtuels. Ces récompenses peuvent ensuite être utilisées pour débloquer des avantages réels ou simplement pour se mesurer à ses amis ou à sa communauté. L’application québécoise Greenplay, par exemple, a brillamment mis en œuvre cette approche. En participant à des initiatives comme le « Défi sans auto solo », les utilisateurs accumulent des points pour chaque déplacement durable, créant une compétition amicale entre arrondissements et villes, et transformant un objectif collectif en un challenge personnel et social.

Les stratégies de gamification peuvent prendre de multiples formes, adaptées au contexte local. L’important est de créer un cercle vertueux : l’action mène à une récompense, qui renforce la motivation à agir de nouveau. Voici quelques stratégies concrètes qui pourraient être déployées au Canada :

  • Badges saisonniers : Créer des défis spécifiques comme le « Badge du Brave Hivernal » pour récompenser ceux qui effectuent 20 trajets à vélo en janvier, reconnaissant ainsi l’effort particulier lié au climat canadien.
  • Partenariats locaux : Permettre d’échanger les points accumulés contre des récompenses concrètes chez des commerçants emblématiques comme un café chez Tim Hortons ou un rabais chez MEC.
  • Défis inter-villes : Organiser des compétitions amicales, comme un défi « Calgary vs Edmonton » pour déterminer quelle ville est la plus verte, stimulant ainsi la fierté locale.
  • Récompenses communautaires : Permettre aux points collectifs d’une communauté de débloquer des améliorations d’infrastructure réelles, comme un nouveau support à vélos ou une station de réparation.

En transformant la mobilité en jeu, on ne se contente pas d’inciter ; on crée une communauté et une culture autour des transports durables. L’engagement devient intrinsèque et non plus seulement dépendant de facteurs externes comme le prix de l’essence.

De Brossard au centre-ville de Montréal : voici comment le MaaS pourrait optimiser votre trajet

Prenons un exemple concret qui parle à des milliers de Canadiens chaque jour : le trajet entre la Rive-Sud de Montréal, par exemple Brossard, et le centre-ville. Traditionnellement, ce trajet est synonyme de congestion sur le pont Champlain. L’arrivée du REM a changé la donne en offrant une alternative rapide et fiable. Cependant, le REM seul n’est qu’une pièce du puzzle. La véritable optimisation vient de la capacité du MaaS (Mobility as a Service) à orchestrer une expérience porte-à-porte fluide, en combinant intelligemment tous les modes de transport disponibles.

Le potentiel est immense, surtout quand on sait que le gouvernement québécois a investi massivement dans ce domaine, avec 9,7 milliards de dollars injectés dans le plan de mobilité durable entre 2018 et 2023. L’argent est là, l’enjeu est maintenant dans l’intelligence du service. Pour notre navetteur de Brossard, un service MaaS idéal ne lui dirait pas seulement « Prenez le REM ». Il lui proposerait une solution complète : « Prenez votre vélo pour les 5 minutes jusqu’à la station, le REM vous amènera au centre-ville en 18 minutes, puis une trottinette électrique pré-réservée vous attendra pour les 3 dernières minutes jusqu’à votre bureau ».

L’application MaaS gérerait tout : le paiement unique pour tous les segments, la réservation en temps réel de la trottinette, et fournirait même des alternatives en cas d’imprévu (par exemple, un bus si la trottinette n’est plus disponible). Des projets comme le Service rapide par bus (SRB) Pie-IX, inauguré en 2022, montrent déjà la voie. Ce projet de 472,5 millions de dollars, fruit d’une collaboration entre le MTMD, l’ARTM, la Ville de Montréal et la STM, n’est pas qu’une nouvelle ligne de bus ; c’est une brique fondamentale d’un futur écosystème MaaS, offrant une alternative performante qui peut être intégrée dans des trajets multimodaux complexes. Le MaaS est la colle qui lie ces différentes initiatives pour les transformer en une expérience utilisateur cohérente et sans friction.

L’art de la correspondance : comment enchaîner vélo, train et trottinette comme un pro

Le point faible de la mobilité multimodale, et le principal facteur de friction cognitive et émotionnelle, est la correspondance. C’est ce moment de transition entre deux modes de transport qui peut transformer un trajet théoriquement efficace en une expérience stressante. Réussir à enchaîner le vélo, le train et la trottinette de manière fluide n’est pas une question de chance, mais le résultat d’un design de service et d’infrastructure pensé pour l’intermodalité. L’objectif est de rendre la correspondance si simple qu’elle en devient invisible.

Cela passe par des éléments très concrets. Pour le cycliste, il s’agit de trouver facilement et rapidement un stationnement sécurisé à la gare, ou de pouvoir embarquer son vélo dans le train sans contrainte. Pour l’usager du transport en commun, c’est savoir qu’une flotte de trottinettes ou de vélos en libre-service sera disponible et chargée à la sortie de la station. L’intégration tarifaire, via des cartes comme OPUS à Montréal ou Presto à Toronto, est une autre clé pour éliminer la friction : un seul paiement pour un trajet complet, peu importe le nombre de correspondances ou d’opérateurs.

Scène urbaine hivernale montrant une gare moderne avec des cyclistes, des piétons et un train électrique en arrière-plan

Cette scène illustre l’idéal : une transition sans heurt, où l’infrastructure physique (les gares modernes, les supports à vélos) et le service numérique (la planification en temps réel) travaillent de concert. L’aisance et la confiance du navetteur sont le meilleur indicateur d’un système intermodal réussi. Cependant, la maturité de ces systèmes varie grandement à travers le Canada.

Une analyse comparative des options d’intermodalité dans les grandes métropoles canadiennes révèle des disparités mais aussi des bonnes pratiques dont on peut s’inspirer.

Options d’intermodalité dans les grandes villes canadiennes
Ville Services disponibles Intégration tarifaire Infrastructure vélo
Montréal STM + BIXI + REM + exo Carte OPUS (partielle) Supports vélo dans métro
Toronto TTC + GO + Bike Share Presto (complète) Limitation heures de pointe
Vancouver TransLink + Mobi Compass Card Racks sur tous les bus
Québec RTC + àVélo + Flexibus En développement Supports vélo limités

Le défi pour les designers de service est de s’attaquer à chaque point de friction de la correspondance pour la transformer en un moment fluide et positif de l’expérience de mobilité.

À retenir

  • La clé du succès de la mobilité durable réside moins dans la technologie que dans la psychologie : il faut rendre le choix vert facile et gratifiant.
  • Traduire les données abstraites comme le CO2 en équivalents concrets et culturels (poutines, Timbits) est une méthode puissante pour influencer les comportements.
  • Le MaaS n’est pas une simple application, mais une philosophie de service visant à unifier toutes les options de transport en une expérience unique et sans friction pour l’utilisateur.

MaaS au Canada : la révolution qui veut mettre toute votre mobilité dans une seule application

Nous avons exploré les principes psychologiques, les méthodes de design et les défis de l’intermodalité. Le concept de Mobility as a Service (MaaS) est la promesse qui chapeaute toutes ces idées : créer un écosystème où l’ensemble des options de mobilité d’une ville (transport en commun, vélos, trottinettes, covoiturage, VTC, autopartage) est accessible via un point d’entrée unique et intégré. Ce n’est pas seulement une question de commodité technologique ; c’est une réinvention fondamentale de notre rapport à la mobilité.

Le but ultime du MaaS est de proposer une alternative si supérieure à la possession d’une voiture individuelle qu’elle la rend superflue pour une majorité de citoyens. Au lieu de posséder un actif coûteux et sous-utilisé, l’utilisateur accède à un service complet qui répond à tous ses besoins de déplacement, de manière flexible et optimisée. Des acteurs comme Cityway, une plateforme MaaS hébergée au Canada (Toronto et Québec), sont déjà à l’œuvre. Ils fournissent aux villes la technologie pour agréger les données des opérateurs et créer des applications personnalisées qui intègrent planification, réservation et paiement unifié. L’expérience de la ville de Saint-Étienne en France avec son application Moovizy, développée sur cette plateforme, montre le potentiel d’une telle intégration.

Le déploiement du MaaS au Canada est une opportunité unique de designer la mobilité de demain en appliquant directement les principes du design comportemental que nous avons vus. En intégrant des nudges, des visualisations de données percutantes et des mécaniques de gamification au cœur même de ces futures super-applications, les villes et les opérateurs de transport ont le pouvoir de rendre le choix écologique non seulement simple, mais véritablement irrésistible. La révolution ne sera pas seulement technologique, elle sera avant tout expérientielle.

Pour tout acteur de la mobilité au Canada, l’étape suivante consiste à auditer ses propres services à travers cette grille de lecture comportementale. Identifiez les points de friction, challengez les mythes sur vos utilisateurs, et commencez à expérimenter avec des nudges et des visualisations de données pour transformer l’expérience de mobilité de vos citoyens.

Rédigé par Elliot Gagnon, Elliot Gagnon est un stratège en transformation numérique cumulant 15 ans d'expérience au sein de l'écosystème technologique montréalais. Son expertise principale réside dans l'application de l'IA et de la blockchain pour créer de nouveaux modèles d'affaires pour les PME.