Publié le 15 mai 2024

Découvrir la relève artistique québécoise, ce n’est pas seulement visiter des galeries ; c’est devenir un acteur de son écosystème.

  • Les véritables pépites se trouvent moins dans les circuits établis que dans les centres d’artistes autogérés, véritables laboratoires de création.
  • Soutenir l’art émergent est accessible : des œuvres de qualité sont disponibles dès 100 $, et l’implication peut prendre des formes variées (bénévolat, partage sur les réseaux).

Recommandation : Commencez par explorer un quartier à la fois, comme le Belgo au centre-ville, pour sentir le pouls de cet univers et rencontrer les créateurs lors des vernissages.

Vous avez fait le tour du Musée des beaux-arts, arpenté les salles du MAC et flâné dans les galeries reconnues du Vieux-Montréal. Une question commence à poindre : où se cache la véritable effervescence ? Où sentir le pouls de la création qui se fait aujourd’hui et qui définira le paysage culturel de demain ? Pour beaucoup d’amateurs d’art, la scène émergente québécoise ressemble à un archipel fascinant mais difficile d’accès, une constellation de talents dont on ne connaît pas la carte.

Trop souvent, la recherche se limite à attendre les grands festivals ou à suivre quelques comptes Instagram populaires. On pense que collectionner est un luxe inaccessible et que comprendre l’art contemporain requiert un doctorat. Ces idées reçues agissent comme un voile, nous cantonnant à un rôle de spectateur passif face à une scène incroyablement vivante et accessible. Mais si la véritable clé n’était pas de « trouver » des artistes, mais plutôt de comprendre et de s’intégrer à l’écosystème qui les fait naître et grandir ?

Cet article n’est pas un simple annuaire. C’est un guide pour passer du statut de simple curieux à celui d’explorateur averti, voire de soutien actif de la relève. Nous allons défricher ensemble les lieux qui comptent vraiment, mettre des visages sur les tendances actuelles, démystifier l’achat d’art et vous montrer comment, à votre échelle, vous pouvez devenir un maillon essentiel de cet écosystème artistique. Préparez-vous à plonger dans les coulisses de l’art québécois de demain.

Pour vous guider dans cette exploration, nous avons structuré ce guide comme un parcours initiatique. Chaque section vous donnera les clés pour débloquer un nouvel aspect de la scène émergente montréalaise, des lieux physiques aux actions concrètes que vous pouvez entreprendre.

Le guide des galeries ‘underground’ : où découvrir l’art de demain à Montréal

Pour dénicher les talents de demain, il faut sortir des sentiers battus. Oubliez un instant les grandes artères commerciales et dirigez-vous vers les lieux où l’art n’est pas seulement montré, mais où il est activement créé et questionné. Ces espaces, souvent désignés comme des centres d’artistes autogérés, sont les véritables pépinières de la relève. Contrairement aux galeries commerciales, leur mission première n’est pas la vente, mais le soutien à l’expérimentation. Ce sont des « arts-laboratoires » qui offrent aux artistes émergents une plateforme pour tester des idées audacieuses.

L’édifice Belgo, au cœur de Montréal, est l’épicentre de ce mouvement. Cet ancien bâtiment industriel abrite une concentration unique de centres d’artistes et de galeries dédiées à l’art contemporain. Pousser la porte du Belgo, c’est entrer dans un écosystème où chaque étage révèle de nouvelles propositions artistiques.

Étude de cas : Les centres d’artistes autogérés du Belgo, laboratoires de l’art émergent

Des organisations comme Skol, Arprim, CIRCA et la Galerie B-312 sont des centres d’artistes à but non lucratif qui soutiennent activement les pratiques émergentes et l’expérimentation en arts visuels. Installés dans l’édifice Belgo, un ancien complexe industriel de cinq étages au centre-ville, ils profitent de loyers plus abordables et d’un emplacement central pour former une enclave artistique unique depuis plus de deux décennies. Ces centres sont des points de départ cruciaux pour tout amateur d’art souhaitant découvrir la création en train de se faire.

Mais la scène ne se limite pas au Belgo. Chaque quartier de Montréal possède ses propres bastions de l’art émergent, offrant un parcours riche et diversifié pour le curieux prêt à explorer.

  • Mile End : Visitez la galerie daphne, dirigée par des artistes autochtones, pour des perspectives uniques, et le Centre Clark, réputé pour son art expérimental.
  • Griffintown : Ne manquez pas Arsenal Art Contemporain, un pilier qui soutient et présente l’art contemporain canadien dans un espace spectaculaire.
  • Sud-Ouest : Découvrez la Fonderie Darling, une ancienne fonderie magnifiquement reconvertie qui propose des studios, des résidences internationales et des expositions d’artistes émergents.
  • Vieux-Montréal : Au-delà des galeries traditionnelles, le Centre PHI est une destination incontournable pour les créations contemporaines les plus innovantes, souvent à la croisée des arts et des technologies.

La clé est la curiosité : n’hésitez pas à entrer, à poser des questions et à revenir pour les vernissages, qui sont souvent des moments privilégiés pour rencontrer les artistes et les autres passionnés.

5 artistes de moins de 30 ans qui sont en train de redéfinir l’art québécois

Derrière les murs des galeries et des ateliers, une nouvelle génération d’artistes bouscule les codes. Parler de « la relève » reste abstrait tant qu’on n’y met pas de visages et de pratiques. L’effervescence de la scène est palpable : des événements comme le festival Artch reçoivent des centaines de dossiers pour une poignée d’élus. Une étude récente sur le festival montre que ce sont seulement 21 artistes émergents qui sont sélectionnés parmi 500 candidatures, un chiffre qui témoigne à la fois de la vitalité créatrice et de la compétitivité du milieu.

Plutôt qu’une liste exhaustive, voici cinq archétypes d’artistes de moins de 30 ans dont les démarches illustrent les grandes forces qui animent la scène québécoise actuelle. Leurs noms sont fictifs, mais leurs profils sont inspirés de créateurs bien réels que vous pourriez croiser.

Cette jeune génération ne se contente pas de produire des œuvres ; elle réinvente les médiums, questionne les identités et tisse de nouveaux liens avec le public. L’artiste n’est plus seulement un producteur d’objets, mais un chercheur, un conteur et un activiste. L’image ci-dessous capture l’essence de cet engagement, ce moment d’intense concentration où la matière et l’idée fusionnent.

Portrait intime d'un jeune artiste québécois travaillant dans son atelier avec des matériaux mixtes
Rédigé par Julien Côté, Julien Côté est un animateur d'ateliers créatifs et un passionné de loisirs, qui explore depuis 20 ans une multitude de disciplines, des jeux de stratégie à la poterie. Il se spécialise dans la pédagogie pour adultes débutants, persuadé que la créativité est un muscle qui s'entraîne.