Publié le 17 mai 2024

Le véritable tourisme durable au Québec n’est pas une affaire de bonnes intentions, mais une discipline d’inspection qui exige d’adopter la rigueur d’un auditeur.

  • 80% de votre impact écologique provient de deux choix clés : le mode de transport et le type d’hébergement.
  • Les certifications comme Biosphere ou Green Key sont des preuves tangibles, contrairement aux termes vagues comme « vert » ou « éco-conscient ».

Recommandation : Concentrez vos efforts sur la vérification des hébergements et la planification de vos déplacements. Exigez des preuves et ne vous fiez pas aux apparences.

Le tourisme durable au Québec est sur toutes les lèvres. Face à l’urgence climatique, de plus en plus de voyageurs cherchent à minimiser leur empreinte tout en découvrant les merveilles de la Belle Province. On nous conseille de « privilégier les produits locaux », de « respecter la nature » ou de choisir des hôtels « verts ». Si ces conseils partent d’une bonne intention, ils restent souvent trop vagues et ouvrent la porte au « greenwashing », ce marketing écologique de façade qui vous fait croire que vous agissez bien, sans que l’impact soit réel.

Mais si la véritable clé n’était pas de collectionner les bons gestes, mais d’adopter la mentalité d’un inspecteur ? Un auditeur en tourisme durable ne se contente pas des promesses. Il cherche des preuves, vérifie les cahiers des charges et sait où regarder pour déceler les incohérences. Il ne demande pas si un hôtel est « vert », il demande quelle certification tierce partie peut le prouver, comment est géré le compost ou d’où proviennent les aliments du petit-déjeuner. C’est cette expertise, ce regard critique et rigoureux, qui permet de distinguer un engagement authentique d’une simple opération de communication.

Cet article n’est pas une liste de vœux pieux. C’est votre formation accélérée pour devenir cet auditeur. Nous allons vous fournir des grilles d’analyse, des questions précises à poser et des indices concrets pour évaluer la durabilité réelle d’un hébergement, d’une activité ou d’une agence. Vous apprendrez à débusquer le greenwashing, à comprendre où se situe votre impact réel et à planifier un voyage dont les retombées positives sur le territoire québécois sont vérifiables.

Pour vous guider dans cette démarche, nous avons structuré ce guide en plusieurs étapes clés. Chaque section vous donnera les outils pour analyser un aspect spécifique de votre voyage, des hébergements aux activités, en passant par votre assiette.

Le guide pour reconnaître un hébergement vraiment éco-responsable au Québec

L’hébergement est l’un des piliers de votre impact en voyage. Un hôtel qui se dit « vert » sans preuve concrète n’est qu’une coquille vide. Pour auditer sérieusement un établissement, il faut dépasser le marketing et chercher des preuves tangibles d’engagement. La première étape de votre investigation est de vérifier la présence de certifications reconnues. Au Québec, des labels comme Green Key Global ou Biosphere, soutenu par l’Alliance de l’industrie touristique, imposent un cahier des charges strict et des audits externes. C’est un gage de sérieux bien plus fiable que les auto-déclarations. D’ailleurs, la démarche est en croissance, avec plus de 50 entreprises touristiques québécoises engagées dans la certification Biosphere en 2024.

Ensuite, passez à l’interrogatoire, poliment mais fermement. Questionnez la traçabilité des produits. Le menu du restaurant ou du petit-déjeuner met-il en avant des fermes locales avec des noms et des distances, ou se contente-t-il d’un vague « produit du terroir » ? Un établissement engagé est fier de ses partenaires et transparent sur ses chaînes d’approvisionnement. Intéressez-vous aussi aux pratiques opérationnelles : un système de compostage est-il en place ? Les employés sont-ils des résidents locaux ? L’entreprise soutient-elle des initiatives communautaires ou des artisans de la région ? Ces questions révèlent si la durabilité est une valeur profonde ou un simple argument de vente.

Enfin, observez les détails qui ne trompent pas. La présence de distributeurs de savon rechargeables, d’ampoules LED, ou de robinets à faible débit sont de bons indices. Cependant, ces éléments sont faciles à imiter. Un engagement réel se voit dans des investissements plus lourds, comme une isolation supérieure du bâtiment, des fenêtres à double ou triple vitrage, ou l’installation de panneaux solaires. Un hébergement véritablement éco-responsable a une histoire à raconter, chiffrée et vérifiable, bien au-delà des icônes de feuilles vertes sur son site web.

Votre passage en forêt laisse des traces : le guide de l’étiquette en parc national

Visiter les parcs nationaux du Québec, de la Gaspésie à l’Abitibi, est une expérience privilégiée. Mais cette immersion en nature implique une responsabilité : celle de ne laisser aucune trace de son passage. Le concept va bien au-delà de simplement « rapporter ses déchets ». Il s’agit d’une philosophie complète, formalisée par les sept principes Sans Trace, un cadre de référence international promu au pays par Sans Trace Canada. Ces principes ne s’appliquent pas qu’aux expéditions en arrière-pays, mais sont tout aussi pertinents pour une simple randonnée d’après-midi dans un parc de la SÉPAQ.

Le premier principe, et le plus fondamental, est de se préparer et de prévoir. Cela signifie connaître la réglementation du parc, les conditions météorologiques et emporter le nécessaire pour être autonome. Le deuxième est d’utiliser les surfaces durables. En clair : restez sur les sentiers balisés. S’écarter du chemin, même pour quelques mètres, contribue à l’érosion, piétine la flore fragile et crée de nouveaux sentiers non désirés qui dégradent l’écosystème. C’est un point non négociable de l’étiquette en nature.

Randonneur respectueux sur sentier balisé en forêt québécoise
Rédigé par Geneviève Lavoie, Geneviève Lavoie est une agronome de formation et une experte en agriculture durable, comptant plus de 10 ans d'expérience dans le conseil aux fermes biologiques et la sensibilisation à la consommation responsable. Elle est une figure de proue du mouvement zéro déchet au Québec.