
L’application de transport « tout-en-un » que vous attendez au Canada n’est pas retardée par la technologie, mais par une bataille de gouvernance et de souveraineté numérique.
- La fragmentation actuelle vient des « forteresses numériques » propriétaires que chaque acteur (public et privé) a construites, empêchant une vraie communication.
- La solution ne réside pas dans une super-application unique, mais dans un écosystème de données ouvert, orchestré par une autorité publique comme l’ARTM.
Recommandation : En attendant la pleine intégration, vous pouvez déjà optimiser vos trajets en combinant stratégiquement les applications existantes pour simuler votre propre expérience MaaS.
Jongler entre l’application Chrono pour recharger sa carte OPUS, Google Maps pour vérifier l’horaire du REM, l’application Bixi pour trouver un vélo et Uber en cas de retard… ce casse-tête quotidien est la réalité de tout jeune professionnel urbain à Montréal ou Toronto. La promesse d’une application unique, magique, qui intégrerait tous ces services pour optimiser chaque trajet en un clic, semble à la fois évidente et étrangement lointaine. C’est la promesse du « Mobility as a Service » (MaaS), ou la mobilité comme service.
Pourtant, si la technologie existe, pourquoi cette solution miracle n’est-elle pas déjà dans nos téléphones ? La réponse est plus complexe qu’il n’y paraît. Contrairement à l’idée reçue, le principal obstacle n’est pas technologique. Le véritable enjeu est une lutte invisible pour le contrôle des données, une bataille de gouvernance entre les autorités publiques, les opérateurs de transport et les géants de la technologie. La vraie question n’est pas « qui construira l’application ? », mais « qui contrôlera l’écosystème de données qui la rendra possible ? ».
Cet article plonge au cœur de cette révolution en cours. Nous allons démystifier le concept de MaaS, explorer à quoi ressemblerait un trajet parfait dans ce futur intégré, mais surtout, nous allons décortiquer les véritables obstacles – économiques, politiques et stratégiques – qui freinent son déploiement au Canada. L’objectif n’est pas seulement de comprendre le futur, mais de maîtriser le présent en attendant qu’il advienne.
Pour ceux qui préfèrent un format d’échange et de débat, le webinaire suivant explore les multiples facettes de l’innovation dans les mobilités, complétant l’analyse stratégique de ce guide.
Pour naviguer à travers les différentes facettes de cette transformation de la mobilité, cet article est structuré pour vous guider de la vision à la réalité pratique. Explorez les sections qui vous intéressent le plus pour comprendre tous les enjeux du MaaS au Canada.
Sommaire : La révolution MaaS au Canada, décryptée
- Qu’est-ce que le MaaS ? L’explication simple d’un concept qui va changer vos déplacements
- De Brossard au centre-ville de Montréal : voici comment le MaaS pourrait optimiser votre trajet
- La face cachée du MaaS : pourquoi votre application de transport ‘tout-en-un’ n’existe pas encore
- Helsinki, Berlin, Montréal : quel modèle de MaaS pour le Québec ?
- Le futur du MaaS : quand votre application de transport gérera aussi vos livraisons
- Maîtrisez les applications de transport : le guide pour ne plus jamais attendre votre bus
- Le ‘nudge’ vert : comment inciter au covoiturage ou au vélo sans jamais donner d’ordres
- La mobilité de demain : des services si simples qu’ils rendent le choix écologique irrésistible
Qu’est-ce que le MaaS ? L’explication simple d’un concept qui va changer vos déplacements
Le MaaS, ou « Mobility as a Service », est une vision où tous les modes de transport – bus, métro, train, vélos en libre-service, autopartage, VTC, trottinettes – sont accessibles via une plateforme numérique unique. L’objectif est de passer de la possession d’un véhicule personnel à la consommation d’un service de mobilité intégré. Au lieu de payer séparément chaque service, l’utilisateur peut planifier, réserver et payer un trajet multimodal de porte à porte en une seule transaction. C’est l’équivalent de Netflix ou Spotify pour les déplacements : un abonnement ou un paiement à l’usage qui donne accès à un catalogue complet d’options de mobilité.
Cette approche est guidée par une ambition d’efficacité et de simplicité, comme le formule Benoît Gendron, Directeur général de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) :
Dans une perspective de développement durable et de cohésion régionale, l’ARTM planifie, organise, finance et fait la promotion du transport collectif dans la grande région métropolitaine de Montréal afin d’offrir une expérience de mobilité simple, intégrée, fluide et efficace
– Benoît Gendron, Directeur général de l’ARTM
Cette vision commence à prendre forme concrètement. Le MaaS n’est plus une théorie lointaine, mais une réalité en construction, dont on peut déjà voir les premières briques.
Étude de cas : L’application Chrono de l’ARTM, premier pas vers le MaaS montréalais
L’application Chrono est un excellent exemple des premiers pas vers un écosystème MaaS. Initialement un planificateur de trajets, elle a évolué. Depuis avril 2024, les usagers du Grand Montréal peuvent recharger leur carte OPUS directement via l’application. Cette fonctionnalité, simple en apparence, élimine une friction majeure : les files d’attente mensuelles aux bornes de recharge. En intégrant le paiement de titres de transport public à un outil de planification, Chrono pose la première pierre d’un système où planification, réservation et paiement seront un jour unifiés pour tous les modes de transport.
De Brossard au centre-ville de Montréal : voici comment le MaaS pourrait optimiser votre trajet
Imaginons un trajet quotidien typique pour un professionnel vivant à Brossard et travaillant près de la Place Ville Marie. Aujourd’hui, ce trajet est une série de décisions et de transactions distinctes. Avec une solution MaaS pleinement intégrée, l’expérience serait radicalement transformée. Au lieu de jongler avec plusieurs applications, vous n’auriez qu’à entrer votre destination finale et l’heure d’arrivée souhaitée. L’application se chargerait de tout le reste, en optimisant votre parcours en temps réel en fonction du trafic, de la météo et de la disponibilité des services.

Ce parcours idéal, qui reflète l’aspiration de nombreux Canadiens, s’aligne sur une tendance de fond. En effet, une enquête de 2023 révèle que plus de 70% des Canadiens préfèrent les options de transport durable incluant le transport public et la mobilité partagée. Le MaaS est la clé pour rendre ces options non seulement préférables, mais aussi plus pratiques que la voiture solo.
Concrètement, ce trajet optimisé se déroulerait en plusieurs étapes fluides, gérées par une seule et même interface :
- Planification instantanée : En entrant votre destination, l’application MaaS calcule l’itinéraire optimal. Par exemple : un VTC pour vous amener de votre domicile à la station Panama du REM.
- Correspondance intelligente : L’application réserve votre place dans le VTC et synchronise son arrivée avec le départ du prochain REM, minimisant votre temps d’attente.
- Le « dernier kilomètre » anticipé : Pendant votre trajet en REM vers la Gare Centrale, l’application a déjà réservé un BIXI électrique à la station de sortie pour couvrir les derniers 800 mètres jusqu’à votre bureau.
- Paiement unifié : L’ensemble du coût du trajet (VTC + REM + BIXI) est débité en une seule fois via un titre numérique ou un abonnement mensuel, sans jamais avoir à sortir une carte de crédit ou un titre de transport physique.
- Gestion des imprévus : Si le REM subit un ralentissement, l’application vous notifie et propose instantanément des alternatives, comme prolonger votre trajet en VTC ou prendre une ligne de métro, en ajustant le coût total automatiquement.
La face cachée du MaaS : pourquoi votre application de transport ‘tout-en-un’ n’existe pas encore
Si la vision d’un trajet parfaitement fluide est si séduisante et techniquement réalisable, pourquoi n’est-elle pas encore notre réalité ? La réponse se trouve dans la complexité de l’écosystème de la mobilité. Le principal frein n’est pas le code, mais la gouvernance des données et les modèles économiques. Chaque opérateur de transport, qu’il soit public (STM, exo) ou privé (Uber, Communauto), a développé son propre système, ses propres données et sa propre application. Ces systèmes communiquent mal, voire pas du tout, entre eux.
Cette fragmentation crée ce que les experts appellent des « silos de données ». L’application de Bixi ne connaît pas la disponibilité en temps réel des bus de la STM, et l’application Chrono ne peut pas (encore) réserver et payer une voiture Communauto. Pour qu’un véritable MaaS fonctionne, ces acteurs doivent accepter de partager leurs données en temps réel (position des véhicules, places disponibles, tarifs, etc.) au sein d’une plateforme commune. C’est là que les intérêts divergent, créant une inertie considérable.
Cet enjeu dépasse le cadre d’une seule ville et devient un problème national, comme le souligne une experte du domaine.
L’absence d’un cadre national est le véritable angle mort. L’ARTM, Metrolinx et TransLink développent des écosystèmes qui risquent d’être des forteresses numériques propriétaires plutôt que des systèmes ouverts et compatibles
– Julie Braka, Cheffe de projet standardisation du MaaS, Fabrique des Mobilités France
Le défi est donc moins de créer une « super-application » que de bâtir un langage commun et des règles de partage de données équitables pour tous. Sans un orchestrateur neutre (souvent une autorité publique) pour imposer des standards ouverts, chaque acteur a intérêt à garder ses données pour lui, transformant le paysage de la mobilité en un archipel de « forteresses numériques » isolées.
Helsinki, Berlin, Montréal : quel modèle de MaaS pour le Québec ?
Face au défi de l’intégration, les villes du monde entier expérimentent différents modèles de MaaS. Il n’existe pas de solution unique, et le Québec, comme le reste du Canada, doit trouver sa propre voie. Les deux grands modèles qui s’opposent sont le MaaS privé, mené par des entreprises commerciales, et le MaaS public, orchestré par les autorités de transport. L’engagement du gouvernement canadien, avec un investissement de 14,9 milliards de dollars canadiens sur 8 ans pour le transport public, montre que les moyens financiers sont là pour soutenir une vision ambitieuse.
Le choix du modèle aura des conséquences profondes sur l’accès, la compétition et le contrôle des données de mobilité. Une comparaison des approches internationales permet de mieux cerner les enjeux pour des métropoles comme Montréal.
| Ville | Modèle | Caractéristiques | Applicabilité au Québec |
|---|---|---|---|
| Helsinki (Whim) | Privé | Application commerciale, forfaits mensuels tout inclus (transport public, taxi, vélos). | Favorise l’innovation rapide mais crée un risque de monopole privé et de dépendance envers un seul acteur commercial. |
| Vienne (WienMobil) | Public | Application contrôlée par l’autorité de transport (Wiener Linien), qui intègre les services publics et des partenaires privés. | Aligné avec la forte tradition québécoise de services publics, garantit le contrôle public des données et la priorité au transport collectif. |
| Montréal (Chrono) | Hybride public-privé | L’ARTM agit comme orchestrateur public, mais intègre des services opérés par des entités distinctes, comme le REM géré par CDPQ Infra. | Un modèle pragmatique et unique, adapté au contexte institutionnel québécois, qui tente de concilier l’agilité du privé et la vision d’intérêt général du public. |
Le modèle québécois et canadien semble s’orienter vers une approche hybride, où une autorité publique (comme l’ARTM à Montréal ou Metrolinx à Toronto) joue le rôle d’orchestrateur. Son rôle n’est pas de tout opérer, mais de définir les règles du jeu, d’imposer des standards de données ouverts et de s’assurer que l’écosystème reste compétitif et au service des citoyens, plutôt qu’au service d’un seul acteur dominant.
Le futur du MaaS : quand votre application de transport gérera aussi vos livraisons
La vision du MaaS ne s’arrête pas au transport de personnes. À long terme, une plateforme de mobilité intégrée a le potentiel de devenir le système d’exploitation logistique de la ville. En optimisant les flux de personnes, les mêmes algorithmes et réseaux peuvent être utilisés pour optimiser les flux de marchandises. Imaginez une application qui non seulement planifie votre trajet, mais vous propose aussi de déposer un colis sur votre chemin en utilisant l’espace libre d’un véhicule d’autopartage, ou qui coordonne la livraison de votre épicerie avec les tournées des bus électriques en heures creuses.
Cette convergence entre la mobilité des personnes et la logistique urbaine est au cœur des stratégies à long terme. La Communauté métropolitaine de Montréal, par exemple, a adopté une vision ambitieuse qui place le MaaS comme un outil central pour repenser la ville.
Étude de cas : La Vision 2050 de la région métropolitaine de Montréal
Le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) révisé, adopté par les 83 municipalités de la CMM, se fixe un objectif clair : faire en sorte qu’au moins 50% des déplacements soient effectués en modes collectifs ou actifs d’ici 2050 (contre environ 30% aujourd’hui). Pour atteindre cet objectif, le plan mise explicitement sur le développement d’une mobilité intégrée, où le MaaS joue un rôle stratégique pour rendre les alternatives à la voiture solo plus attractives et efficaces.
Cependant, cette concentration de pouvoir au sein d’une seule plateforme soulève une question cruciale : la souveraineté numérique. Si une seule application, potentiellement contrôlée par un géant technologique étranger, gère tous les déplacements et livraisons d’une métropole, cela pose un risque stratégique majeur.
Si une seule application contrôle la mobilité de millions de Canadiens, elle devient une infrastructure nationale critique nécessitant que les données et serveurs soient hébergés au Canada
– Stéphane Schultz, Expert en mobilité, 15marches
Le futur du MaaS est donc un équilibre délicat entre l’innovation technologique et la protection de nos infrastructures numériques. La gouvernance publique sera essentielle pour garantir que cette puissante technologie serve l’intérêt collectif.
Maîtrisez les applications de transport : le guide pour ne plus jamais attendre votre bus
En attendant que la révolution du MaaS unifie tous les services, le jeune professionnel urbain n’est pas condamné à subir la fragmentation. Il est tout à fait possible de « simuler » une expérience MaaS en devenant son propre orchestrateur de mobilité. Cela demande d’utiliser stratégiquement les applications existantes et de connaître quelques astuces pour optimiser ses déplacements au quotidien. La pertinence de cette approche est renforcée par le retour en force du transport collectif, avec 125,1 millions de déplacements enregistrés en transport urbain au Canada en juillet 2024, soit 85% du niveau pré-pandémique.
L’idée est de créer son propre « tableau de bord » de la mobilité en combinant les forces de chaque application. Plutôt que de dépendre d’une seule, on en utilise plusieurs de manière complémentaire pour prendre les meilleures décisions en temps réel. Cette approche proactive vous redonne le contrôle et vous permet d’économiser du temps et de l’argent dès aujourd’hui.
Voici un plan d’action concret pour devenir maître de votre mobilité dans le Grand Montréal, en attendant l’arrivée d’une véritable application tout-en-un.
Votre plan d’action pour une expérience MaaS simulée dès aujourd’hui
- Centralisez la base : Installez et utilisez l’application Chrono. Elle est essentielle pour le rechargement de la carte OPUS sans file d’attente et pour sa capacité à planifier des trajets multimodaux (bus, métro, REM, train) dans tout le Grand Montréal.
- Optimisez le temps réel : Complétez Chrono avec Transit App. Sa force réside dans ses données en temps réel souvent plus précises pour les bus et sa fonctionnalité « GO » qui vous notifie quand descendre.
- Assurez votre flexibilité : Créez des comptes sur les services de mobilité partagée clés avant d’en avoir besoin : BIXI pour les courtes distances, Communauto pour les trajets plus longs ou le transport d’objets, et une application VTC (Uber, Eva) comme solution de secours.
- Analysez vos habitudes : Activez Google Maps Timeline (Trajets) pour visualiser vos déplacements sur un mois. Cet audit personnel vous révélera des schémas et des opportunités d’optimisation que vous n’aviez pas remarqués.
- Calculez votre budget : En fin de mois, additionnez les coûts de chaque service. Comparez ce total au coût d’un abonnement mensuel ou à l’utilisation d’une voiture. Cela vous permettra de définir votre « budget mobilité » optimal et de faire des choix plus éclairés.
Le ‘nudge’ vert : comment inciter au covoiturage ou au vélo sans jamais donner d’ordres
L’un des potentiels les plus fascinants du MaaS réside dans sa capacité à influencer subtilement les comportements pour favoriser des choix plus durables. C’est le principe du « nudge », ou « coup de pouce » en français. Plutôt que d’interdire la voiture ou d’imposer le vélo, une application MaaS peut être conçue pour rendre les options écologiques plus faciles, plus rapides ou moins chères, et donc, plus désirables.
Par exemple, au moment de planifier un trajet, l’application pourrait afficher par défaut l’option « Éco » (combiné marche + métro) en mettant en avant le nombre de calories brûlées et la quantité de CO2 économisée. L’option « Voiture solo » resterait disponible, mais en un clic supplémentaire. D’autres « nudges » peuvent inclure :
- La gamification : Attribuer des points ou des badges pour chaque trajet en transport en commun ou à vélo, avec des récompenses à la clé (un café gratuit, une réduction sur le prochain abonnement).
- La preuve sociale : Afficher des messages comme « 5 000 autres usagers ont choisi le vélo sur ce trajet ce mois-ci », créant un sentiment d’appartenance à une communauté durable.
- L’incitation financière dynamique : Offrir de petites réductions sur les trajets en transport en commun pendant les pics de pollution ou les jours de grand beau temps pour encourager à laisser la voiture à la maison.
Plusieurs municipalités canadiennes appliquent déjà des formes de « nudge » pour promouvoir la mobilité durable, démontrant l’efficacité de ces approches douces.
Étude de cas : Initiatives de « nudge » dans les villes canadiennes
Le Canada voit émerger plusieurs exemples de « nudges » comportementaux. Halifax, par exemple, offre des incitations financières pour encourager l’utilisation du transport en commun. Edmonton, de son côté, déploie des autobus à hydrogène pour rendre l’option collective visiblement plus « verte ». Enfin, Victoria (Colombie-Britannique) se distingue en facilitant massivement le passage à l’électrique avec 126 bornes de recharge pour 100 000 résidents, un « nudge » structurel qui lève un frein majeur à l’adoption.
À retenir
- Le MaaS vise à unifier tous les transports (publics et privés) dans une seule application pour simplifier les déplacements de porte à porte.
- Le principal obstacle à son déploiement au Canada n’est pas technique, mais lié à la gouvernance des données et à la fragmentation entre acteurs (« forteresses numériques »).
- Le modèle québécois s’oriente vers une solution hybride où une autorité publique comme l’ARTM orchestre un écosystème de données ouvert, plutôt qu’un modèle entièrement privé ou public.
La mobilité de demain : des services si simples qu’ils rendent le choix écologique irrésistible
Au-delà de la technologie et de la gouvernance, l’objectif final du MaaS est profondément humain : rendre la vie urbaine plus simple, plus équitable et plus soutenable. La mobilité de demain ne se gagnera pas par la contrainte, mais en rendant les choix écologiques et collectifs si fluides, si efficaces et si agréables qu’ils deviendront tout simplement irrésistibles. L’enjeu est de concevoir des services qui répondent non seulement aux besoins fonctionnels (aller d’un point A à un point B), mais aussi aux aspirations des citoyens pour une meilleure qualité de vie.
Cette vision passe par un engagement fort dans l’électrification des transports, un pilier de la stratégie québécoise. L’objectif d’atteindre 55% de la flotte d’autobus urbains électrique d’ici 2030, selon le Plan pour une économie verte du Québec, montre que l’infrastructure « propre » est en cours de déploiement. Le MaaS sera le logiciel qui permettra d’utiliser cette infrastructure de la manière la plus intelligente possible.
De plus, le MaaS est un puissant vecteur d’inclusion sociale. En simplifiant l’accès à l’ensemble du réseau de transport, il peut lever des barrières importantes pour de nombreuses personnes. C’est l’essence même de programmes novateurs qui voient le jour dans la région de Montréal.
Étude de cas : Le programme Mobilité inclusive de l’ARTM
Le programme « Mobilité inclusive » de l’ARTM illustre parfaitement cette dimension sociale. Il s’agit d’un programme d’apprentissage gratuit au transport collectif destiné aux personnes ayant des limitations fonctionnelles (physiques, intellectuelles, etc.). En leur donnant les outils pour utiliser en toute autonomie le bus, le métro, le train et le REM, ce programme, lauréat du prix Guy-Chartrand 2023, transforme la mobilité d’un obstacle en un vecteur d’autonomie et d’intégration. Le MaaS de demain devra intégrer nativement ces principes d’accessibilité universelle.
En fin de compte, le succès de cette révolution se mesurera à sa capacité à répondre à une double mission, comme le résume le directeur général de l’ARTM.
Ultimement, on poursuit deux grands objectifs pour les citoyens : offrir un transport collectif performant aujourd’hui et planifier celui qui saura répondre à leurs besoins de demain
– Benoît Gendron, Directeur général de l’ARTM, Bilan 2024
La transformation de la mobilité est déjà en marche. Pour être un acteur éclairé de cette révolution plutôt qu’un simple spectateur, l’étape suivante consiste à analyser vos propres habitudes de déplacement et à vous intéresser activement aux projets de mobilité intégrée menés par votre municipalité et votre autorité régionale de transport.